Introduction

Je souhaite que ce livre, amis lecteurs, vous aide à mieux nous comprendre, nous les personnes handicapées et mutiques c‘est-à-dire privées de la parole.
Je m’appelle Ella, j’ai 23 ans et depuis ma naissance je suis en fauteuil roulant, incapable de faire seule un seul geste de la vie quotidienne, incapable de parler sauf quelques mots. Mes parents, mes frères, les éducateurs des centres où je vis s’occupent de moi.
Mais depuis 10 ans j’ai découvert la Communication Facilitée et je vais tous les mois dans un atelier d’écriture qui utilise cette méthode. Ce moyen de communication a été une bouffée d’oxygène dans ma vie : enfin je pouvais exprimer mes idées, mes désirs, ma conception des choses.

Entre nous personnes mutiques, nous savons communiquer de pensées à pensées : nous partageons nos peines, nos joies et nous nous comprenons sans problème.

Mais avec les valides il y a comme un mur : sans paroles, avec des corps si mal en point, les valides nous prennent souvent pour des légumes : donc pas d’échange possible ! Ils pensent : «Ils n’ont pas de conscience, ils ne comprennent pas, on ne sait pas ce qu’ils ressentent ». Ce sont deux mondes parallèles qui se côtoient.
Avec la Communication Facilitée on saute par-dessus ce mur. Pour nous c’est le mur du son qui est franchi !!!

Enfin un valide qui entend nos pensées, nos émotions… Enfin un dialogue qui nous sort du : « Tu as mal ? Tu veux boire ? Tu veux être changée ? »
Pour moi de grands horizons se sont ouverts à l’atelier, de nouvelles amitiés sont nées avec tous ceux qui y participent. Annie, je l’ai choisie pour amie et c’est avec elle que j’ai voulu écrire ce livre. 

A l’atelier, et lors de rencontres amicales, nous avons écrit ensemble sur plein de thèmes. 

Pourquoi on écrit ce livre aujourd’hui ? Moi je crois que ce confinement vous a ouvert les yeux : comme nous, vous avez souffert de l’isolement, de la séparation d’avec les autres, de l’incapacité à vivre librement vos rencontres, vos loisirs …
Alors ce temps me paraît propice à un partage authentique entre valides et personnes handicapées et mutiques. Je vais vous dire comment je vois la vie, comment je vous vois, comment nous vivons. Je suis heureuse de vous offrir mes pensées, mes émotions par ce livre. N’attendez pas du sensationnel, juste un partage authentique entre amis, moi Ella et vous lecteurs. Alors bonne lecture. A toi, Annie.

Bonjour cher lecteur. Je m’appelle Annie. Ce livre nous voulons l’écrire avec Ella que j’ai connue il y a 10 ans à l’atelier d’écriture en Communication Facilitée à Lyon qui dépend de l’association lyonnaise DPVE (Doigt Qui Parle Voix Ecrite). 

J’ai été formée à la Communication Facilitée par l’association francophone TMPP (Ta Main Pour Parler). Anne Marguerite VEXIAU, orthophoniste, a découvert cette méthode en Australie et l’a faite connaître en France. J’ai suivi cette formation quand je suis arrivée à la retraite. Ma vie professionnelle (en tant qu’Assistante Sociale) s’est exercée à 80% auprès des personnes porteuses de handicap physique. J’ai travaillé à l’APF (Association des Paralysés de France), puis dans un service d’enfants polyhandicapés dans un hôpital en Touraine, et enfin dans un centre
d’adultes accueillant des personnes IMC (infirmes moteur cérébraux) dans la région lyonnaise.

J’ai toujours été questionnée par ces personnes porteuses de handicap : leur énergie, leurs stratégies pour communiquer et la joie que je ressentais au milieu d’elles, alors que leur parcours de vie était parsemé de douleurs et de limites impressionnantes.

«Mais comment vivre avec tant de limites ? Qu’est-ce que vivre ? Quel est le sens de la vie ? » 

Par Ella et beaucoup d’autres, j’ai eu, en partie, des réponses à mes questions. A l’atelier d’écriture, puis plus tard en privé, nous avons beaucoup échangé en Communication Facilitée avec Ella. C’est la richesse et la sagesse d’Ella que j’ai envie de vous partager par ce livre. Et à travers elle, nous voudrions vous faire entendre l’attente de toutes les personnes privées de parole qui vous
crient : « Nous vous aimons, nous pensons, délivrez-nous de notre silence » ! 

Vous trouverez sur les sites de TMPP et DPVE la technique de cette méthode. Vous pouvez aussi consulter les livres de la bibliographie à la fin de ce livre.

1 – Comment je communique

Le 19/9/2020

Bonjour Ella, j’ai tapé nos deux introductions pour le livre. Grand silence d’Ella. Puis je reçois une image que je vois et entend dans ma tête, comme lorsque je rêve. C’est une plage de sable, beaucoup de soleil, des petites vagues qui font un bruit régulier, paisible, qui berce…

Tu as capté un ressenti, tu l’as mis en mots : c’est lumineux, détendu, paisible ! Moi je n’ai pas les mots, je transmets des images, des émotions, des ressentis et toi tu poses tes mots sur le papier, tu rends lisible mes pensées, mon état d’esprit. Cette image a amorcé notre dialogue ; Il fallait t’aider à trouver le calme car tu étais stressée par l’objectif : comment commencer ce livre, quels thèmes choisir… ? 

OK je le reconnais. Encore une fois je suis bluffée car tu sais lire en moi !

Je veux parler aujourd’hui de comment je communique.
Le silence et l’immobilité nous oblige à développer de nouvelles capacités. Tu sais que les aveugles développent leur ouïe, leur odorat, leur capacité à percevoir les vibrations autour d’eux pour se déplacer plus en sécurité ;

Pour moi j’ai développé la force d’attraction par la force de ma pensée. Quand des gens cherchent à me comprendre et sont ouverts je les attire d’abord par mon sourire, mon regard ; puis je me concentre sur ce que je souhaite leur communiquer idées, sentiments….

Raconte ton histoire avec Grégory, c’est un bon exemple.

Quand je travaillais à l’hôpital d’enfants Polyhandicapés, l’équipe s‘interrogeait sur le comportement de Grégory, un garçon de 12 ans, qui avait changé de façon inquiétante. Lui très volontaire et débrouillard n’arrivait plus à manœuvrer seul son fauteuil. Il se cognait dans toutes les portes. Les soignants le trouvaient déprimé. Alors que j’étais assise à côté de lui, j’ai « ressenti » comme une intuition forte « Je m’ennuie, j’ai envie d’autre chose que l’hôpital. » Je lui ai reformulé : « Peut-être que tu as envie de changer d’air ? Cet été tu aimerais peut-être partir dans une colo, prendre des vacances ? Si c’est ça, viens me voir à ma permanence. Si tu veux je peux te chercher un lieu d’accueil. »

Le mardi suivant, Gregory arrive à ma permanence. Personne ne l’accompagne, il s’est très bien débrouillé pour conduire son fauteuil. Il entre dans mon bureau et tourne son fauteuil devant l’armoire où je rangeais mes dossiers. Je lui demande : « Alors tu veux que l’on parle de ton projet de colo ? » Plusieurs mardis de suite Grégory est revenu seul à ma permanence. Il se tournait chaque fois vers l’armoire où se trouvait son dossier Je le tenais au courant, je passais devant lui des coups de fil pour me renseigner sur les colos adaptées, sur les moyens de financements. On a finalement trouvé un lieu adapté et il est parti 15 jours durant l’été.

Oui ça montre la force de notre pensée. Quand vous avez « capté » nous confirmons par nos gestes, nos mimiques, nos cris, nos comportements si vous allez dans la bonne direction. Quand la confiance est établie, que vous nous percevez comme des êtres pensants, alors on peut échanger à un autre niveau de conscience. Comme dans l’hypnose ou la méditation ce ne sont plus votre tête et le raisonnement qui commandent, mais nos cœurs qui se
parlent.
Pour vous c’est difficile : vous avez peur de vous tromper, d’inventer. Mais nous les mutiques nous avons besoin de votre disponibilité, de votre confiance dans nos capacités à penser, sinon nos messages ne passent pas. 

C’est vrai que l’on passe pour des illuminés quand on parle de la Communication Facilitée ; et l’on doute aussi : c’est peut-être moi Annie qui parle, qui invente ???

Non c’est bien moi ELLA qui te parle. Nous sommes sur la même longueur d’onde, nous suivons la même partition mais avec des instruments différents. 

Je sais qu’avec toi je dois lâcher mes émotions, mes idées et te faire toute la place. Alors j’entends intérieurement des phrases très claires qui s’enchaînent avec fluidité. Ça vient une phrase après l’autre ; et si je ne suis pas complètement disponible comme tout à l’heure c’est silence radio ou un « accordage en douceur par une image ! » Mais en écrivant, je ne sais pas du tout où l’on va ; c’est toi qui mènes la danse !

A l’atelier on part des questions de l’animatrice et vous répondez au quart de tour. D’où vient votre rapidité ? Souvent je ne tape pas assez rapidement tellement tes phrases arrivent vite !

C’est que nous ne passons pas par le mental. Nous sommes branchés sur nos ressentis, et sur ce que j’appelle le « pot commun ». C’est un état où toutes les informations sont à notre disposition sous forme vibratoire. Nous trions ce qui nous convient selon notre caractère, notre personnalité, et les idées que vous ou notre famille nous ont transmises. Nous ne sommes pas des anges éthérés car nos corps nous font souffrir chaque jour et nous rappelle notre condition humaine. Mais nos capacités sont autres.

Longtemps j’ai capté ces informations seules. Maintenant j’aime beaucoup quand tu me lis des passages des livres qui t’intéressent, ou les questions de l’atelier. Ça m’aide à organiser ma pensée.

Tu as fini ? Moi j’avais choisi de ne pas parler de la technique, mais tu avais vraiment envie de faire comprendre à tes lecteurs comment tu t’y prends pour communiquer. Là encore tu as mené la danse !

2 – Cœur à cœur

Le 1/10/2020

Bonjour Ella. J’ai été très heureuse de ta visite hier avec ta maman.

Merci pour ton accueil. J’ai été heureuse de rencontrer ton mari Paul et ton amie Liliane.
On reprend sur la Communication Facilitée ? Toi tu captes l’invisible par tes rêves, par des images qui te viennent, des paroles intérieures qui surgissent sans que tu sois en réflexion sur le sujet.
Moi je comprends le langage, mais je ne peux pas émettre. Alors j’émets des vibrations d’amour, d’appel, d’ouverture et si vous les captez alors je m’exprime. Je prends les mots de votre cerveau et je fais des phrases avec votre capacité à organiser vos pensées.
Vous aussi par vos intuitions vous captez les vibrations. Les vibrations sont partout dans la nature, les pierres, les astres. Voyez les animaux : un chien par exemple perçoit la peur chez une personne et aussitôt il se met sur la défensive.
Vous les valides, vous avez par votre cerveau la capacité de décortiquer, comparer, classer et traduire en raisonnement logique. Votre mobilité et vos 5 sens vous permettent d’agir. Nous personnes mutiques et porteurs de beaucoup de limites physiques nous vivons : immobilité, silence, observation. Cela nous a permis de développer force d’attraction, sensibilité aux vibrations, et à vos états émotionnels.

Tu devines les choses sans que j’aie besoin de t’en parler. Tu lis en moi ? Par exemple, je ne t’avais pas parlé du coup de fil avec ma sœur juste avant que l’on commence à écrire. Et pourtant tu as su que son chat venait d’être opéré et tu m’en as parlé !

C’est encore pareil. Ce dialogue avec ta sœur occupait ta pensée quand on s’est connectée. Du coup j’ai capté toutes les vibrations que tu émettais, question d’entraînement. Moi, Je m’étais mise en mode «capteur-émetteur». Et ça s’est fait tout seul ! 

D’où l’importance de mettre un cadre à nos rencontres. On se donne RDV tel jour, telle heure. Sinon je me laisserai envahir par ta capacité à capter !

C’est pourquoi je ne fais jamais de Communication Facilitée avec maman, elle sait faire pourtant !

Moi non plus je n’en fais pas en famille, ni avec des valides. Sauf pour apprendre au début quand j’étais en formation. Et ça marche drôlement bien… Mais j’ai choisi de n’utiliser cet « outil » que pour aider les personnes privées de parole. Cette méthode donne accès à l’expression des émotions et à une conscience élargie qui révèle l’être profond. On l’appelle psycho phanie. La psycho phanie est d’ailleurs utilisée par des thérapeutes pour des valides en souffrance.

J’observe que dans la société, la capacité à «capter» grandit de plus en plus: « canalisation », médiumnité, communication intuitive avec les animaux… J’espère que cela aidera à prendre au sérieux la psycho phanie pour que
cet outil puisse être reconnu dans les centres et mieux connu des familles et des soignants.

Maintenant Annie à toi d’expliquer comment se passe une séance à l’atelier.

Moi j’ai appris sur le tas. Je suis venue à l’atelier sur l’invitation d’une famille. Des parents souhaitaient créer un atelier pour faire pratiquer la Communication Facilitée à leurs enfants. Ils aspiraient à ce que des professionnels se joignent à eux. On a démarré en 2008 avec quelques familles
et 4 ou 5 professionnels.
Donc on se retrouve 1 fois par mois dans un centre social. On se met deux par deux devant un clavier d’ordinateur : une personne handicapée appelé le facilité et une personne valide appelée le facilitant.
Au début on m’a invitée à prendre la main d’une personne handicapée et à taper sur le clavier les mots et les phrases qui me venaient à l‘esprit, sans me censurer. J’avais beaucoup de résistances mentales : peur d’inventer, peur d’échouer, culpabilité de faire perdre son temps à la personne qui venait là pour écrire. Car, les premières séances, me venaient un mot, un début de phrase…puis je bloquais…vite rattrapée par mon mental.
Puis je suis allée suivre une formation avec l‘association TMPP qui forme les facilitants à cette méthode. J’ai beaucoup appris : d’abord prendre le temps de s’accorder avec la personne, être calme, faire silence en soi, se dire qu’on ne vient pas pour y arriver, mais pour que la personne mutique puisse s’exprimer. On m’a appris ensuite à soutenir la main de la personne facilitée pour lui donner l’élan du geste et qu’elle arrive à taper sur le clavier, et cela
sans la diriger. J’ai appris à repérer les moments où c’est moi qui dirige le geste : à ces moments-là, la personne handicapée « freine », retient l’élan de son geste si ce n’est pas le mot qu’elle veut taper…
En formation, on commençait la séance entre valides à partir de questions simples posées par l‘animateur : si j’étais un animal, si j’étais un nuage… On verbalisait ce qui venait : une image, une émotion, un chant … puis on commençait à le taper et on laissait venir la suite… Comme l’exercice se faisait entre valides, il y avait beaucoup moins d’enjeu. Ils pouvaient « valider » ce que j’avais écrit. Et peu à peu des phrases venaient. Une fois ce lâcher-prise acquis par le facilitant, on s’exerçait avec des personnes handicapées.
Maintenant après 12 ans de pratique, les mots et les phrases m’arrivent avec fluidité, comme si on me dictait un texte. Les mots de télépathie ou de communication d’inconscient à inconscient me paraissent les mots les plus adaptés pour décrire cette méthode qui reste un mystère pour moi malgré les explications d’Ella ! Avec l’expérience, j’ai repéré que dans l‘atelier, certains m’envoyaient des messages alors que j’étais à l’autre bout de la salle, puis j’ai eu des messages à distance. C’est le cas d’Ella : de son centre, ses messages m’arrivent à la maison. Mais il faut rester très prudent car dans cette période de confinement où il y a beaucoup de ressentis de colère et de peur dans l’air, il y a beaucoup d’interférences « énergétiques » et je capte difficilement. Alors la visioconférence ou le téléphone permettent un contact plus matérialisé et aident à vérifier si le message est bien passé.
Beaucoup de commentaires dénigrent cette méthode qui ne correspond à rien de logique ou de scientifique. Mais moi j’entends COMMENT-TAIRE ce qui nous dépasse… L’essentiel c’est la relation pleine de joie, de découvertes que nous a permis cette méthode entre valides et personnes handicapées. Cela s’est concrétisé par des actions à l’atelier : écriture de livres de plusieurs personnes handicapées qui ont voulu s’exprimer par ce moyen, cours de philosophie et échange avec un philosophe, atelier facilité de peintures, exposées ensuite à la mairie et en 2019, un spectacle théâtre monté et joué avec la participation de jeunes collégiens. Son titre était prophétique : « Bas les masques » !
Dans cette période où nos systèmes et nos croyances s’effondrent, où nos sécurités sont mises à mal, les personnes porteuses d’handicap ont un temps d’avance sur nous. Elles ont beaucoup à nous apprendre sur la résilience, la patience, le combat pour la vie.
Comme Ella, je partage la conviction que l’heure est venue de faire connaitre cette méthode, et que ce livre aidera ceux qui en ont besoin.

3 – Le bonheur

Le 15/10/2020

Bonjour Ella,
Je voulais te partager un grand moment de bonheur. La semaine dernière j’ai expérimenté avec Paul le coaching par l’intermédiaire des chevaux. Notre voisine a fait une formation sur le coaching avec eux et elle nous a proposé un atelier. C’était passionnant car les chevaux captent notre état émotionnel et ils arrêtent l’exercice que l’on fait, si on n’est pas totalement présent, si nos pensées ou nos émotions nous détournent de notre objectif.
J’ai vécu un grand moment de détente et de bonheur à me sentir en relation avec eux. J’ai fait le lien avec ce que l’on vit en Communication Facilitée.
Je voulais te proposer : pour toi c’est quoi le bonheur ? Je perçois tellement ta joie !

Le bonheur c’est pour moi me savoir incapable de faire seule, et du coup, faire confiance à mes parents, mes éducateurs, mes médecins. C’est être dans cet état où je ne peux rien faire par moi-même mais où j’ai la croyance que tout me sera donné. C’est beaucoup plus facile à vivre pour moi que pour vous, car je suis née dans cet état de dépendance et donc je n’ai pas eu à le choisir. Simplement à le vivre, à l’accepter et trouver le moyen de me faire aimer, apprécier comme je l’ai déjà dit par mon sourire.

Le bonheur, c’est savoir accepter ce qui est incontournable et le vivre avec confiance, attendre ce que l’autre consent à me donner : parfois un temps
d’échange, un massage, me lire une histoire, un bon dessert. Attendre le don, car je reçois tout des autres. Je n’ai pas comme vous la pression de paraître, de faire, d’être obligée de plaire, de me montrer efficace… Je suis
à part, et du coup très libre d’être moi. Pas d’enjeu pour le JE …
Bien sûr c’est parfois difficile : le piège, c’est de se comparer aux valides, d’avoir envie de marcher, de parler, d’être reconnue. Mais la leçon qu’on apprend (assez vite pour moi), c’est qu’on est différent et que la joie, le
bonheur c’est de vivre avec nos limites et nos incapacités. Ça ne veut pas dire se laisser aller. La souffrance, les opérations, nous devons les affronter ; la séparation d’avec nos familles, les changements de repères sont pour nous source d’angoisse.

Mais le silence, l’immobilité, creusent en nous la confiance que le réel est infiniment plus grand que ce qui se voit ou se ressent. Nous avons la capacité de nous relier à nos proches par l’amour, la pensée, mais aussi à des êtres de lumière qui nous soutiennent et nous guident. Nous ne sommes jamais seuls ou livrés à nous-mêmes.

Mais beaucoup d’entre vous n’y croient pas, car toute votre éducation et la société vous poussent à être performant, à vous appuyer sur votre savoir, vos compétences.

Pour moi le vrai bonheur c’est de s’abandonner à plus grand que soi, et ne compter que sur l‘AMOUR qui est là bien présent.

Tu en parles en connaissance de cause ! Car on ne peut pas te suspecter d’être illuminée. Quand je vois ton sourire et ta joie, mais aussi tes grimaces de douleur quand tu n’avales rien qu’une gorgée d’eau, je suis interloquée par ce que tu dis sur la confiance et l’abandon.

Oui la douleur physique est là chaque moment. Mais la joie aussi. La joie se reçoit, elle ne s’obtient pas à la force des poignets. Vous valides, vous mettez votre joie dans une grande réussite ou si on vous congratule ou si vous avez une augmentation de salaire… Quand vous avez fait un exploit, si on vous admire, alors vous êtes en joie.
Ma joie à moi est plus simple : sentir le soleil, admirer un oiseau qui se pose devant moi, écouter de la musique et danser dans ma tête. Comme tu l’as perçu avec les chevaux c’est être présent, attentif à ce qui se passe.
Nous n’avons pas de repères dans l’espace et le temps. Seul le présent compte donc on est très avantagé par rapport à vous…

As-tu connu malgré tout, des moments de déprime, de peur ?

Oui quand je partais à l’hôpital loin de mes parents, à cause de la douleur forte mais aussi parce que je ne connaissais pas les soignants. Du coup je n’avais aucun repère et c’était très angoissant. Mais maman était toujours là par la pensée et me parlait, m’encourageait. La Lumière était là aussi et par moment me remplissait de joie !

Par contre, je veux dire que pendant plusieurs jours on m’a mise en coma artificiel à cause d’un problème au cerveau. Et là c’était terrifiant car j’étais comme une morte vivante. Plus aucunes commandes ne marchaient. On me croyait endormie, je n’analysais rien, mais moi je paniquais. Plus moyen de bouger même un peu les bras, plus moyen de crier, de sourire. Je ne bougeais pas mais je me percevais en vie et incapable de réactions. Si ton amie qui fait du reiki ne m’avait pas expliqué que j’étais en coma artificiel, que c’étaient les médicaments qui bloquaient mon corps, et que c’était passager, je serai morte de peur. Il faut expliquer les soins aux personnes qu’on intube et qu’on place en coma pour la covid. La solitude et le ressenti sont terrifiants, comme si on nous enterrait vivants.

Pour terminer par la joie et le bonheur tu dirais quoi ?

Le bonheur est en nous, il est dans les choses simples de la nature, dans la musique, la danse et au maxi quand entre nous humains, on se rencontre sans fard, avec authenticité, avec plein de rire et d’humour.

4 – Derrière le voile

Le 22/10/2020

Bonjour Ella. De quoi veux-tu parler aujourd’hui ?

Être soi, voir au-delà des apparences.

Quand on me regarde, beaucoup ne voient que mon apparence physique: mon fauteuil, mes bras et jambes squelettiques et repliés…

Certains d’entre nous, polyhandicapés, sont très blessés par vos regards fuyants, gênés qui nous ignorent ou nous fuient plein de pitié.

Moi je vis plus sereinement. Je reçois beaucoup d’amour de ma famille, de la Lumière, de mes amis. J’ai la chance d’avoir un visage présentable et avenant. Alors les regards gênés, je les vois comme les limites actuelles de la personne. Elle s’en tient aux apparences et n’a pas pour le moment la capacité de voir plus loin. Je n’ai pas eu à faire face à des réactions de dégoût ou à des agressions. Mon visage, mes yeux, mon sourire m’aident à me faire accepter.

Mathieu comme Rémi (des copains de l’atelier Communication Facilitée) écrivaient qu’ils avaient conscience d’être sur terre pour nous apprendre à nous valides, à voir au-delà des apparences, à accepter nos différences comme des richesses.

Oui, vous apprendre à regarder autrement, à regarder derrière le voile ! Vous voyez et percevez ce qui se passe par le biais de vos 5 sens. Nous sommes là pour vous éveiller à voir plus large et à regarder avec la compassion et l’amour qui sont dans vos cœurs.

Nous sommes guidés plus par l’intuition que par la logique. Presque tous les parents d’enfants « différents » vous le diront : notre amour, notre joie, notre authenticité touchent les cœurs et éveillent ce qu’il y a de meilleur en vous. Notre apparente faiblesse est en fait une force.

Bien sûr, dans un premier temps vous êtes déstabilisés, plein de questions, parfois révoltés devant toutes nos limites. Puis quand vous êtes apprivoisés, vous contactez la beauté de notre âme avec sa joie, son humour, son amour.

Notre vie incarne dans la matière cet au-delà du voile. La même chose se passe quand il y a des catastrophes naturelles : une personne perd sa maison, ses biens dans une inondation, ou un incendie… Le plus souvent un immense mouvement de solidarité surgit et lui fait découvrir l’envers du décor : l’importance de se sentir entouré, soutenu. Et son cœur s’ouvre à plus large que le matériel et les biens.

Ella, quels conseils peux-tu nous donner pour nous aider à lever le voile ? Aujourd’hui d’ailleurs avec nos masques nous sommes tous voilés en quelque sorte. Moi j’y vois un symbole : on se cache des autres. Qu’est-ce qu’on se cache à soi-même ?

Tu te rappelles notre échange sur le buisson ardent où Moise entendait « Enlève tes sandales » ? (C’est un texte de la Bible)

Oui. Tu m’avais répondu : « les sandales c’est fait pour marcher, les enlever c’est accepter de s’arrêter de courir, se poser pour écouter ».

Pour le voile c’est du même ordre. Se dévoiler c’est apprendre à montrer son visage, accepter de se mettre face à l’autre sans fard. C’est être plus vrai, plus authentique, se sourire, se parler et s’embrasser sans protection. Mais avant il y a un chemin : consentir à s’arrêter, consentir à perdre, à se laisser dépouiller de ses sandales, de son voile…

Dépasser le paraître…

Oui. Je l’ai déjà dit : le handicap nous a mis en apprentissage dès notre naissance. Nous dépendons de vous pour tout. Donc nous faisons l’expérience que tout nous est donné en temps voulu ! Même si nous trépignons par moment d’impatience, si nous sommes parfois plongés dans l’angoisse parce que l’aide ne vient pas assez vite, nous sommes bien obligés de subir ! Mais l’avantage de cela, c’est que chaque fois, nous expérimentons que le soin arrive, la nourriture arrive. L’aide dont nous avons besoin arrive. Pas forcément quand nous l’attendions, mais elle arrive.

Ce que j’entends c’est que la Vie ne nous abandonne jamais. Par contre il faut s’entraîner à la confiance, à l’espérance. Par ta vie concrète de dépendance, tu as acquis cette expérience et cette sagesse devant les épreuves. A l’atelier on reçoit énormément quand on vous lit et qu’on écoute vos partages !

On est des précurseurs, sans orgueil ni pouvoir, pour ouvrir un chemin. Mais si vous acceptez de faire silence, d’arrêter de vous agiter avec vos « il faut que… je dois », vous ferez la même expérience. Le confinement y est favorable. Que dans le silence, chacun regarde et accepte ses limites, ses impuissances et la vie lui donnera ce dont il a vraiment besoin. C’est tout simple !

Ce que tu dis me fait penser à une phrase de l’Evangile : « Père ce que tu as caché aux sages et aux savants, c’est aux petits que tu l’as révélé ». Merci Ella de nous dévoiler ton chemin. Il parlera à beaucoup de personnes dans cette période complexe que nous vivons.

5 – Qui t’es vraiment ?

Le lendemain 23/10/2020

Tiens Ella, tu viens à l’improviste !!!

Oui parce que je voudrais que tu donnes ton point de vue sur ce que j’ai dit hier.

Pendant le 1er confinement tu m’avais lu ton poème sur le thème de perdre, quitter. Ose parler de toi !

  1. Le jour du jeudi Saint j’ai été habitée par le mot quitter qui s’est transformé en QUI–T’ES ? J’ai écrit d’un seul jet ce slam en contemplant Jésus qui allait passer par l’abandon et la mort.

Obligée de me confiner,
Obligée de me protéger
Appelée à me confronter à mon intériorité
Et parfois fuir dans la futilité…
Vide, turbulence, impuissance
Se bousculent
Avec paix et sérénité.
Trouver les bons mots, partager.
Le mot qui me vient c’est QUITTER.

Quitter qui ? quitter quoi ?
Quitter mes habitudes qui m’habillent depuis si longtemps
D’ailleurs certains HABITS – TUENT
Quitter indifférence, somnolence, aveuglement
Quitter retour sur le passé, culpabilité, erreurs de direction,
Quitter jugements, programmes…certitudes…
Quitter QUI T’ES VRAIMENT ?

Choisis, réapprend à marcher
Même si tu dois tituber
Quand tu choisis d’avancer
Sur le chemin « quitter »
QUI-T’ES vraiment ?

Choisis le costume Espérance
Il t’amène sur des rives inconnues
Ecoute le silence
QUI – T’ES ? QUI –T’ES VRAIMENT ?
Rend les armes de la dualité, des questions inutiles,
Ton désir de perfection, du personnage et de ses masques…

L’AMOUR NU resplendit dans le dépouillement,
Au-delà des trahisons, au-delà des abandons…
Pose-toi dans cette évidence
LAISSE LE NAITRE EN TOI.

Cet écrit faisait monter les questions que j’avais au fond de moi. Ces dernières années beaucoup d’épreuves familiales, puis un cancer. Tout un chemin de dépouillement où j’ai été contrainte à enlever mes sandales pour arrêter de courir. Confrontée au non-savoir, à l’incertitude face à l’avenir.

Et effectivement toutes ces pertes acceptées, traversées, m’ont amené à vérifier que, comme tu le dis Ella, l’Aide arrive toujours, la VIE nous porte.

Après le non-savoir, le sens nous est redonné, après la peur face aux pertes, viennent la confiance et la liberté de faire de nouveaux choix. Mais la vie est comme faite de vagues, il en arrive toujours une autre qui nous pousse, rien n’est acquis.

Mais peu à peu, au-delà des crises, des non-sens apparents, je perçois un peu plus l’Amour qui œuvre pour plus de vie en moi, plus de justesse, plus de vérité, plus de joie. Pour revenir au premier confinement, j’avais fait un rêve 15 jours avant :

« Je vois la terre d’en haut comme si j’étais un cosmonaute. Mes yeux peuvent voir tous les détails. La terre est magnifique : des montagnes luxuriantes avec de belles prairies fleuries, des torrents, des rivières limpides, des océans. Sur la gauche apparaît un miroir immense de la taille de la planète. La planète s’y reflète mais l’image dans le miroir est toute moche : la terre est dévastée, les rivières et les prairies asséchées, les océans pleins de plastique… Puis un petit ver de terre apparaît en haut à gauche du miroir. Il rampe sur le miroir et rénove toute l’image de la terre qui redevient très belle. »

On peut comprendre ce rêve d’un point de vue écologique… Mais une amie, interprète de rêves m’en a donné un sens plus profond. Cette terre très belle, c’est moi, faite à partir de la glaise…Dans un miroir, je me vois moche, je regarde surtout mes manques, mes imperfections, ce qui ne va pas. Avec ce petit ver (corona ?) qui rénove mon image, je me découvre infiniment plus belle. Ce temps de confinement peut être mis à profit par chacun pour approcher un peu plus sa vérité et sa beauté originelle…Alors nous pourrons tomber les masques !

6 – Le puits

Le 29/10/2020

Bonjour Ella. Alors qu’est-ce que nos lecteurs ont besoin d’entendre aujourd’hui ?

Grand silence, puis je reçois une image. C’est un puits. Le haut est en plein soleil mais je comprends qu’il faut descendre et s’enfoncer…Plus on s’enfonce, plus il fait sombre et obscur. Mais au fond du puits il y a de l’eau pure, claire. Tu expliques Ella ?

Aujourd’hui je veux parler de la profondeur et de l’eau.

L’eau est ce qui permet la vie. Elle étanche la soif, permet aux plantes de pousser, elle permet de se laver, de se purifier. Et pourtant des millions d’hommes sur la planète n’ont pas accès à l’eau !

Avec cette image je voudrais faire comprendre l’accès à l’eau de la VIE. Le haut du puits est à la lumière. Il représente les choses que l’on voit.

Pour accéder à ses profondeurs, il faut accepter de descendre, de s’enfoncer dans l’obscurité. C’est le sens des épreuves.

Chers lecteurs n’ayez pas de crainte quand vous avez l’impression de descendre, de vous enfoncer dans le puits.

Avec beaucoup d’amis polyhandicapés nous avons témoigné par nos livres que l’eau de la vie est toujours au fond du puits. Cette eau essentielle qui donne la VIE.

Je repense à ce qu’a écrit Colette (de notre atelier) quelques années après l’accident qui l’a paralysée et rendu mutique : « Renoncer à être « je ne peux plus », pour devenir « Je SUIS » »

Oui, c’est du même ordre que quand tu contemplais Jésus en croix. Quand on passe par la nuit, l’effondrement de nos piliers habituels, on accède à notre profondeur, à ce qui est divin en nous, une capacité à ressusciter. Beaucoup de gens vivent cela aujourd’hui : burn-out, catastrophes naturelles, pertes de travail… Toutes leurs sécurités et leurs repères disparaissent. C’est le miroir qui se fendille et vole en éclat… C’est la descente dans le puits.

Ella, beaucoup de gens vivent l’insécurité, la peur. Ils pensent à leur famille, leurs enfants. Comment les aider à vivre ce passage vers leur profondeur ?

Il n’y a pas à aider. La vie et ses surprises enseignent chacun suivant l’étape où il en est. Simplement que chacun ose dire et reconnaître « je perds pied ». Le secret c’est de ne pas rester seul, et demander de l’aide, à des amis, ou au ciel.

On en revient à « se dévoiler ». Il y a toujours de l’aide qui arrive quand l’être est en vérité avec lui-même. L’obscurité et la lumière sont le recto verso de la même pièce, il suffit de la retourner.

Tout ce qu’on échange me fait penser à l’évangile où Jésus oblige ses disciples à monter dans la barque et à affronter la tempête. Effrayés ils crient, paniquent, pensent qu’ils vont couler. Mais là, Jésus les rejoint et ils touchent l’autre rive.

Oui, je ne suis pas chrétienne, mais c’est de cette expérience dont je parle : on crie, on se révolte contre Dieu, la vie, les autres. On se confronte à ses peurs, ses illusions de maitrise, son impuissance, puis la Lumière arrive et on accoste sur une autre rive. Jusqu’à la prochaine grosse vague…mais c’est plus facile à supporter quand on sait qu’on arrive toujours sur un nouveau rivage.

Cette image du puits me fait penser à l’enfant qui passe avec beaucoup de contractions le col de l’utérus pour naître. Ou encore aux expériences de mort imminente où les personnes décrivent souvent un long tunnel à traverser avant d’arriver à la lumière. Pour toi Ella quel est le sens de la vie ? Déjà en 2015 à l’atelier tu avais répondu à cette question :

« Chacun a son chemin : il y a des chemins minuscules, des autoroutes, des sentiers tortueux, peu importe ! Le tout c’est de les parcourir avec enthousiasme, avec élan, quelles que soient les difficultés, parce qu’ils vont tous vers la lumière et la joie. On n’est pas seul pour avancer, l’amour qu’on a autour de nous sert de carburant pour avancer. Les difficultés sur le chemin ne doivent pas servir à détruire mais à rebondir avec le soutien de ceux qui nous aiment. »

Je pense toujours pareil.

Merci Ella. D’ailleurs vous tous les facilités, vous aviez parlé de la joie en répondant à cette question. Vous êtes plein de sagesse et de lumière. Que ta conclusion encourage tous ceux qui ont un chemin tortueux aujourd’hui.

7 – Créativité

5/11/2020

Pardon Ella je suis en retard ! Je m’aperçois que ma montre s’est arrêtée. Bizarre…En fait moi aussi je suis arrêtée ! Je me sens triste, plombée par l’ambiance et les nouvelles. Je me sens comme une petite souris grise qui veut se réfugier dans son trou. Je vois qu’on avait conclu la dernière fois sur la joie de vivre et d’avancer avec élan sur son chemin !! Ce n’est pas mon cas aujourd’hui !

Mais c’est très joli et très utile les petites souris… çà rappelle le message «SOURIT». Je te propose un jeu de créativité que tu m’avais appris. On écrit sur RECONFINEMENT. A toi Annie, commence.

Ok, on écrit sans réfléchir…

R  Retour
E  de l’Espérance.
C  Commencer
O  à s’Ouvrir.
N  Nier
F  ces Foutues
I  Insécurités.
N  Nier
E  Les Eléments
M  Mortifères.
E  Enfin
N  Naître
T  Transformée.

        A  toi Ella.

R  Roue
E  de l’Espoir.
C  Crier
O  Oh !
N  Nature si belle !
F  Filles joyeuses et vives !
I  Inspiration et souffle !
N  Nénuphars radieux !
E  Espérez !
M  Par le Mouvement,
E  Par l’Energie,
N  Nous vous ferons
T  Traverser.

Tu es beaucoup plus optimiste et lumineuse que moi aujourd’hui. Je n’arrive pas à me concentrer pour capter clairement. Alors je te propose de retranscrire notre échange sur la créativité où nous avions vécu un grand moment de légèreté. Cet échange montrera à nos lecteurs comment tu parcours ton chemin avec élan et joie.

Oui j’avais adoré le passage du livre que tu m’avais lu et qu’est-ce qu’on avait ri !

Donc il y a quelques semaines, j’avais lu à Ella un passage du livre « Libérez votre créativité » de Julia Cameron. Voici l’échange qui avait suivi.

C’est super cette lecture ! Moi j’aimerai écrire un livre de joie : joie de s’émerveiller, joie des couleurs, joie de rire, de vivre, de danser, de chanter.

J’aime beaucoup le passage où elle dit : « le courant, la rivière de la vie coulent en nous quand on se dégage de ses peurs d’abandon, de son besoin d’être rassuré… Alors on se dit c’est drôle de tenter ceci… on ose et des aventures bizarres émergent. » Oui super idée, je vais l’appliquer !

As-tu tenté des choses drôles dans ta vie déjà ?

Oui, par exemple j’observe les personnes et suivant leurs vibrations je m’amuse à les déguiser et à leur donner un surnom. Autour de moi j’ai la Castafiore, qui parle fort, sûre d’elle et de ses succès. J’ai le cordonnier, le mal chaussé : il doute de tout ce qu’il fait ou dit. J’ai l’aviateur : il plane toujours dans de grandes idées, il n’est pas concret pour un sou. J’ai le clown : sa passion c’est de faire rire par ses blagues.

Maman : c’est la fée au chapeau pointu et baguette magique : elle transforme toutes les calamités en bien. Papa c’est Zorro : il passe sa vie à esquiver les embûches et il gagne toujours.

Et tu as déjà vécu des aventures bizarres ?

Oui, en voyage dans un pays nordique, on s’est promené dans une calèche pour visiter. Je me suis imaginé que j’étais la reine d’Angleterre et je saluais de la main comme elle. Et les gens quand je passais m’applaudissaient. Au CEM (Centre d’éducation motrice pour les jeunes) on m’avait surnommée « pousse, pousse » NON « pouce, pouce ». Je me mettais au milieu d’un groupe comme un autostoppeur et par ma volonté, j’arrêtais les éducateurs pour qu’ils passent un moment en ma compagnie.

Le courant de la vie coule en nous quand on se dégage de ses peurs. Ça t’évoque quoi ?

Plein de peurs sont encore en moi, mais je les vois comme des nuages qui passent. Si je rentre dans le nuage il grossit puis crève en tempête, en tonnerre… Et j’ai encore plus peur. Mais si je laisse passer le nuage, il s’en va, le ciel reste bleu… et moi paisible.

Je te propose un exercice de créativité. Un poème sur les couleurs par exemple. Je te dis la couleur, et tu écris ce qu’elle t’inspire. Je donne à Ella le nom de la couleur et, je suis stupéfaite, elle écrit immédiatement, sans aucune hésitation.

ROUGE  –  Rou-JE Quand mon JE prends trop de place, le rouge de la colère vient gâcher ma journée.

JAUNE  –  Quand le soleil et ma lumière intérieure se rejoignent j’éblouis mon entourage !

ORANGE  –  Quand le OH de ma curiosité se « place » au bon endroit, ma journée est pleine de surprises.

VERT  –  Quand je me pose à l’ombre des arbres, à l’ombre de mes yeux qui se ferment, je goûte détente et repos.

BLEU  –  Quand je regarde le bleu du ciel, je m’envole dans les grands espaces du monde invisible retrouver mes amis inconnus de vous.

BLANC  –  Blanc pur de la neige, blanc des hôpitaux. La vie est blanche. Elle associe le merveilleux et le pire. La vie c’est d’accepter les deux.

Voilà une superbe création à nouveau pleine de sagesse.

Je crée beaucoup par l’imagination, la pensée. Par exemple je regarde un oiseau qui se pose devant moi, et j’imagine son nid, ses voyages dans le ciel, ce qu’il voit en bas… Ou alors je m’imagine capable de danser comme maman. Je virevolte, je me laisse aller au rythme, je saute, je fais le grand écart. J’aime aussi peindre, mais c’est rare que l’on me le propose. Les couleurs ont toutes une vibration différente et je suis heureuse de m’en servir pour exprimer ce que je ressens. 

Tu vois j’entends les cloches de l’église qui sonnent, des enfants qui jouent et rient dans le jardin en bas, les oiseaux chantent dans les arbres. Notre joie s’est répandue sur mon quartier !

Texte de l’atelier

2010 à 2018

Je joins maintenant quelques textes d’Ella écrits en atelier. Ils n’ont pas été écrit avec moi car en atelier à chaque nouvelle question, les facilitants changent de place et donc de partenaires facilités.

Atelier de Philosophie sur le langage

Le langage exprime-t-il votre être ?

Le langage des mutiques se fait par des sons, des mimiques, des cris, des sourires. Ici chacun a son mode, Mathieu crie, Julien déambule, les filles sourient, regardent. Pour moi notre être est ce que nous sommes profondément, sans frivolités, sans fard. Les mutiques sont souvent plus sincères, plus expressifs que les parlants. Notre être est centré sur l’essentiel car nous avons peu de moyens pour tricher ou donner le change. Dans mon sourire et mon regard je mets tout ce que je veux vous communiquer. Mais mon être intérieur est bien plus riche que ce que j’exprime.

En quoi le langage est-il nécessaire à l’Homme ?

Il n’y a qu’à nous regarder pour répondre oui ! Quand vous allez à l’étranger et que vous ne parlez pas la langue, vous êtes handicapés. Tout devient dur pour vous : demander de l’eau, votre chemin, des choses simples, journalières… L’avantage c’est que vous allez revenir dans votre pays. Nous, nous sommes toujours à l’étranger.

Les paroles engagent –elles autant que les actes ?

Oui, et même plus. Mon corps n’a pas la possibilité d’agir alors qu’est-ce que je peux dire de l’action ? L’action des autres est souvent maladroite envers moi. Mais heureusement des personnes savent être justes tant dans leurs paroles que dans leurs actes : ceux-là, c’est leur cœur qui parle et agit.

La philosophie, est-ce des paroles en l’air ?

Non, elle permet de discuter sur des sujets sans nous taper dessus. Elle nous montre un ou plusieurs chemins à suivre, sans nous figer dans une case. Il faut de l’humilité pour entendre les penseurs qui nous orientent en fonction de leurs idées. J’aimerai penser comme eux, faire des hypothèses, mais je n’aurai pas la patience d’aller au bout …

Atelier sur la Vérité

Les préjugés détournent-ils toujours du vrai ?

Il me semble que pour beaucoup le préjugé est perçu comme un jugement faux. Si on accepte ce postulat, alors bien sûr il détourne de la vérité. Mais pour moi un préjugé c’est un jugement qui n’est pas fondé sur des éléments vérifiés, contrôlés. Pourtant on peut avoir l’intuition que notre jugement est juste. La question reste ouverte pour moi.

Peut-on se délivrer de ses préjugés ?

Oui, ça demande des efforts mais c’est possible. Il faut apprendre à discerner ce qui nous enferme, nous enchaîne et s’autoriser à penser par soi-même, et cela, même si c’est à contrecourant de la pensée collective. La philosophie nous aide à ça ! Quelquefois on est surpris quand nos préjugés sont pris en défaut ! Il faut se laisser déstabiliser pour aller vers plus de vérité.

Dans quelle mesure la méthode peut –elle servir de garant à la vérité ?

La question est difficile ! Quelle méthode adopter ? La vérité dépend de l’importance qu’on accorde aux préjugés. Ceux qui me voient uniquement avec leurs yeux ont sûrement beaucoup de préjugés sur mes capacités intellectuelles. Mais ceux qui me voient et me regardent avec le cœur, s’arrêtent à autre chose que mon aspect négatif. Ils peuvent découvrir la richesse qui est en moi et mon envie d’entrer en relation avec eux. Alors ils sont dans la vérité.

La science fait elle disparaître les croyances ?

Je crois en ma famille, en la vie, en la danse et en bien d’autres choses et j’espère bien que la science ne fera pas disparaître mes croyances. Y a-t-il des bonnes et des mauvaises croyances ? Je ne sais pas. Certaines sont utilisées pour détruire ou tuer… Je ne me positionne pas, mais je condamne si les croyances ont un effet néfaste pour l’humain. Mes croyances me permettent d’aimer la vie. Que croire ? La science ne peut avoir la prétention de nous le dire.

Autres perles de divers ateliers.

L’acceptation

Ce lieu (l’atelier) est convivial. Tous sont pris avec leurs différences, dans leurs états physiques ou mentaux. C’est un lieu où l’on peut être soi et échanger en confiance. Accepter ce n’est pas maitriser, c’est se couler dans ce qui arrive et ne pas rêver autre chose que ce qui advient. Accepter c’est consentir au réel avec souplesse et comme un torrent savoir contourner les obstacles, les rochers. Accepter demande de la force de caractère. Accepter mon handicap est mon chemin, il me faudra peut-être toute ma vie.

Apprendre

Moi, je suis libre d’apprendre par l’observation, le ressenti. Je suis dégagée du savoir scolaire. Ce que j’apprends est très intérieur. J’apprends avec mes yeux, mes oreilles, ce que je perçois dans mon corps, et finalement j’ai une foule d’informations.

L’acceptation

Moi, je suis libre d’apprendre par l’observation, le ressenti. Je suis dégagée du savoir scolaire. Ce que j’apprends est très intérieur. J’apprends avec mes yeux, mes oreilles, ce que je perçois dans mon corps, et finalement j’ai une foule d’informations.

Avenir

Quel avenir je peux avoir clouée sur mon fauteuil ? Mais quand même j’aimerai apporter ma pierre au monde. Je pense que ma personne, le fait d’être comme je suis, influe pour un avenir meilleur. Il a fallu que pour nous, des choses très matérielles se fassent. Il y a eu beaucoup de progrès techniques réalisés grâce à nous. Mais pas que la technique. Nous avons posé des questionnements à des politiques, à des religieux qui ont dû se positionner, et qui continuent à le faire. Par notre présence, nous faisons avancer le monde, car sans arrêt de nouvelles questions se posent. Je pense que la communication facilitée va aider à progresser.

Changement

Aujourd’hui changement d’année, et une équipe vient filmer l’atelier ! J’aime quand ça bouge quand c’est vivant ! ça réveille, c’est la vie, j’aime ! Dans ma vie personnelle, je souhaite aussi des changements. Je souhaite plus de reconnaissance pour les personnes porteuses de limites, que les gens apprennent à voir au-delà des apparences. C’est un changement de mentalités, alors je me sentirai bien partout ! Ce serait un changement pour le monde aussi : il y aurait plus de paix et d’AMOUR !

Confiance

Confiance c’est se confier à quelqu’un. Pas mes pensées puisque je n’ai pas la parole, mais confier mon corps à maman, à mes éducateurs, aux médecins… Et c’est beaucoup plus engageant que confier ses pensées. La confiance je suis obligée de la vivre, je n’ai pas d’autre issue. Mais voyez mon sourire et ma joie : la confiance m’est donnée, je ne la fabrique pas moi-même ; c’est un cadeau qui me vient d’ailleurs et cela me fait vivre.

Coups durs

La liste des coups durs dans ma vie serait une litanie qui rendrait triste toutes les pierres de tous les chemins. Alors je préfère pointer ma joie, les moments où je vis à plein les bonheurs de chaque jour, petits ou grands. Une véritable liste que je voudrais plus longue que celle des coups durs. Celle-là je veux la faire disparaitre de ma vie.

Dessin

Enorme joie de saisir un crayon et de laisser ma trace sur du papier. Par ces couleurs, je veux exprimer ma joie, ma gaité. Ces lignes qui montent et descendent, c’est ma vie avec ses hauts et ses bas. Aujourd’hui, c’est l’énergie de la vie que j’exprime par la couleur orange. Le bleu c’est la beauté du ciel et de la mer, le vert c’est ma communion à la nature, les arbres, les fleurs.

Différent

Différente, je le vis et pourtant je me sens pareil à ceux qui m’entourent. Différente c’est l’apparence mais quand on va au-delà, différente n’existe plus. Différente n’existe que dans notre monde, pas dans le monde qu’il faut construire.

Echec

Echec ne signifie rien pour moi. La réussite c’est simplement accéder au bonheur. Je mets toute mon énergie pour atteindre ce but. C’est ma quête en dépit de tous les obstacles que je rencontre. Ma réussite c’est de soutirer chaque jour le sourire de l’autre. Je crois que je suis assez forte en la matière.

Emotion

Est-ce que l’émotion de la joie existe ? J’espère, parce que c’est celle que je préfère. Être joyeuse fait partie de ma vie. Je traverse la vie dans la joie et la bonne humeur. Je ressens cette émotion en permanence, et cette joie transforme ma vie en ode à l’amour. Mais je ne vis pas cette joie toute seule, je la partage avec vous. Je pense que je n’ai jamais su être autrement. Que tout continue ainsi.

Envie irrésistible

Envie irrésistible de rire, de soulager la lourdeur du monde par ma joie, d’apaiser les angoisses de ceux qui souffrent par ma sérénité. Envie aussi de me reposer, de me recharger pour donner à nouveau. Envie irrésistible d’offrir plus que de recevoir.

Espace

Pour pouvoir être, nous avons besoin d’espace et pour nous il est très restreint au quotidien. A l’adolescence c’est compliqué car on ne peut pas l’agrandir. Alors, il faut se faire une raison, c’est difficile et j’apprends. Mais j’ai aussi appris à connaitre mes espaces intérieurs toujours à redécouvrir. Et là, j’ai bien de quoi m’épanouir et me ressourcer !

Explorer

Explorer c’est une attitude qui nous met en mouvement pour chercher à comprendre, à découvrir. J’aimerai explorer l’univers, les étoiles. J’aimerai partir dans la jungle rencontrer des animaux sauvages. Du coup j’explore le monde des sentiments, des idées et c’est passionnant, ça m’occupe à plein temps. Sans parler de nos voyages dans un monde que vous ne captez pas !

Frayeur

Ce sont des éclairs de peur qui vous prennent subitement et sont très désagréables. Quand j’ai une douleur subite, je suis vite effrayée. Je dois me débrouiller seule avec. La frayeur va souvent avec un moment de solitude. Dès que j’ai trouvé un support, une aide, de la compréhension, je redeviens apaisée et sereine.

Liberté

J’ai un espace de liberté même quand je souffre. Accepter votre aide, votre soutien, ne pas me laisser emprisonner dans la prison de mon corps. Merci de me faire sourire, de me permettre de mettre un peu de distance avec mon corps et de me rebrancher à mon élan de vie. De me permettre aussi de fuir la solitude qui voudrait me prendre toute entière. Grâce à vous je lui échappe et ça va mieux.

Mouvement

Le mouvement me fait penser à la danse ! Un mouvement épuré, plein d’élan, de force, d’harmonie exprime tant de choses sans parole ! Le mouvement est partout, même chez nous cloués sur nos fauteuils : respiration, sourire, mouvements limités mais si concentrés que nous y mettons tout notre amour et que cela touche celui qui est attentif. Le mouvement est équilibre permanent à trouver. Il appelle à croire en votre force de vie.

Parole

Parole, expression de l’humain. Parole, des mots qui fusent pour vous parlants. Parole des cris, des corps, des émotions. Parole confisquée pour certains ! La parole exprime ce qui est en nous, ce qui est de nous, mais la parole est bien souvent bavardage, bien souvent façon de se cacher derrière des mots vides. La parole vraie se dit après du silence. La parole a du poids et c’est dommage de ne pas s’en servir de façon juste.

Projet

Dans le centre où je vis, on me demande de penser à mon projet. Moi j’espère avoir une place dans un centre d’adulte. Mais c’est le déroulement habituel dans les centres. Mon projet est plus spirituel : apporter beaucoup de joie, aider chacun à retrouver son désir profond de relation aux autres. Ma vie est apparemment inutile, mais je sais que je suscite joie et amour chez les gens que je rencontre. Il faut simplement qu’ils sachent s’arrêter près de moi et se mettre à l’écoute de leur âme.

Silence

Le silence est la meilleure et la pire des choses. Trop de silence c’est trop de solitude, de longues périodes de vide que je peuple d’un univers merveilleux de rêves, de courses dans un monde au-delà de mon horizon si étroit. Mais le silence c’est aussi moments de réflexions, de méditation que j’aimerai partager avec vous.

Voix

Moi, je peux prononcer quelques mots, ça m’amuse ! J’aimerai bien chanter ! En communication facilitée vous êtes ma voix, c’est pour ça que j’aime venir ! Dire des choses essentielles, c’est important pour se sentir exister, se sentir important. Mais beaucoup de gens parlent pour ne rien dire, ou ils s’écoutent parler… Ils ne savent pas la valeur de ce cadeau qu’ils ont reçu de pouvoir utiliser la voix ! Sans voix on apprend à s’exprimer autrement heureusement.

Conclusion

le 26/11/2020

Depuis deux rencontres, Ella en visioconférence ne bouge pas, ne me sourit pas, je ne capte rien… C’est le grand silence. Je suis complètement déconcertée. Engluée dans mes doutes, je me demande : peut-être que j’ai mal traduit sa pensée ? Peut-être que ce livre la perturbe et lui fait remonter trop de questions ? Peut-être qu’elle se sent en porte à faux par rapport à son centre d’hébergement qui ne croit pas à la communication facilitée ?

Mary, une amie commune de l’atelier, me donne la clé de l’énigme : elle capte : « Tu as demandé à Ella de réfléchir au titre et à la conclusion de votre livre. Du coup, Ella a associé conclusion du livre et fin de vos échanges. Rassure-la. »

J’explique à Ella que finir le livre est une chose, mais que nous continuerons nos échanges qui sont aussi très importants pour moi. Du coup, Ella se débloque, moi également et la parole recircule entre nous.

Pour moi le silence est inévitable, pourtant j’ai une richesse infinie que j’aimerai partager. Mais mon apparence physique vous fait douter. Le monde actuel a perdu le goût du silence. Alors, cher lecteur, j’espère que ce livre sera pour vous une leçon instructive. Je ne veux pas parler d’une leçon de morale. Simplement, je voudrais que vous, les valides, vous nous laissiez prendre la place qui est la nôtre. Chaque être humain a droit à une place. Chaque être humain peut apporter un don à ce monde. Nous, les personnes privées de parole, nous apporterons la valeur du silence et la force de la vie. Nous avons conscience de toutes nos limites, mais nous sommes des personnes adultes, responsables, conscientes d’avoir un don à vous partager. Laissez-nous notre place.

Je pense que les choses évoluent, lentement, mais sûrement. Il y a 8 jours, j’ai acheté un livre de Thierry JANSSEN, qui a écrit : « Ecouter le silence à l’intérieur. » C’est un chirurgien, devenu psychothérapeute, et qui a une approche globale de l’être humain, à travers ce qu’il appelle « la médecine intégrative ». Je lis à Ella plusieurs pages de ce livre.

Moi, Annie, ce qui m’a frappé, c’est que ses mots, décrivent exactement ce que je vis avec toi, Ella. Je cite :

«Devenir le silence permet la présence du Soi. Nous sommes tous habités par la pure conscience paisible, silencieuse, aimante. Rencontrer quelqu’un qui laisse être l’essence en lui, revient à rencontrer cette personne au-delà de son ego, au niveau du Soi. La plupart du temps, nous nous rencontrons les uns les autres, au niveau de nos moi respectifs. Nous nous scrutons, nous nous comparons, nous nous jugeons… Hors rien de tout cela n’est possible, face à quelqu’un qui laisse être l’essence en lui. La rencontre se fait à l’essentiel, l’autre est très présent, sa présence est un espace bienveillant dans lequel on se sent pleinement accepté, aimé inconditionnellement.»

Monsieur JANSSEN met des mots sur l’expérience que je vis avec toi Ella. Pareil dans ma vie professionnelle et à l’atelier : je perçois votre qualité de présence, votre amour, votre authenticité. Et cela m’aide à changer. Je te perçois comme une boussole qui m’indique le nord mais pas de pression, pas de « je dois » avec toi. Tout se fait en douceur et imperceptiblement.

Ce qui m’a frappé, moi, c’est quand il dit qu’accepter ce n’est pas se résigner.

Oui, je vais te relire le passage : «L’espace silencieux de la pure conscience permet de prendre le recul nécessaire pour agir avec la liberté de choisir. Certains pensent que le fait d’ouvrir son cœur et d’accepter ce qui est, implique de se résigner et de subir. C’est tout le contraire. Accepter n’est pas se résigner. C’est faire face à la réalité et décider d’exercer une influence sur celle-ci, afin de la faire évoluer

L’atelier m’a beaucoup aidé à croire que nous pouvons faire évoluer notre réalité. Avec mes copains qui utilisent cette méthode, nous avons beaucoup échangé sur nos rêves, nos espérances d’être entendu par les personnes valides. C’est pourquoi j’ai choisi la communication comme sujet de mon livre. Je dis un grand MERCI :

À tous ceux qui participent à l’atelier.

A Anne-Marguerite VEXIAU qui a expliqué la méthode de la communication facilitée en France.

À Anne-Marie qui nous réunit chaque mois et qui anime nos ateliers.

À tous les parents et les bénévoles qui vous êtes formés pour nous.

À mes parents et mes frères qui m’amènent à l’atelier. Oui, je suis convaincue que c’est tous ensemble que nous pouvons changer la réalité et faire évoluer les consciences. Je suis un peu tiraillée entre la pensée : « ne te fais pas trop d’illusion », et la conviction forte que nous serons entendus.

Cher lecteur, quoi qu’il arrive à ce livre, je vous AIME et je sais que le chemin est ouvert. J’ignore s’il sera long ou rapide, mais je vous fais confiance.

Et pour le titre Ella ?

J’ai choisi : « Voix écrite, voie du cœur ». Voix écrite nous relie à l’atelier qui a pour nom : « Doigt qui Parle, Voix Ecrite. » C’est par tous nos échanges que j’ai pu rassembler mes idées et les mettre dans ce livre.

Tu n’as pas ton pareil, Ella, pour être ambassadrice d’une cause juste. Moi aussi je veux remercier :
Mon mari Paul qui a fait la mise en page de ce livre.
Ma fille Cécile qui en a fait les illustrations et la couverture.
Et Mary, notre amie qui a pris de temps pour relire, corriger et rédiger la 4ème de couverture.
Et, voici mon vœu pour terminer :

« Que ta VOIX, Ella ouvre une voie
   Que ta VOIX résonne de plus en plus fort dans ce monde. »